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A L HISTOIRE DE FRANCE, [i 57--j 7 3
La reyne de Navarre etant à Paris, lui parlant un jour de la dispense du Pape pour le mariage de son fils avec Madame sœur du Roy, et qu'elle en craignoit la longueur que Ie Pape, à cause de sa religion, se feroit tenir : « Non, non, dit-il, ma tante; je vous honore « plus que le Pape, et aime plus ma sœur que je ne le « crains. Je ne suis pas huguenot, mais je ne suis pas « sot aussi. Si M. le Pape fait trop la beste, je prendray « moy-même Margot par la main, et la meneray épouser « en plein prêche. »
Parlant un jour à l'admirai de la conduite de l'entreprise de Flandres, et sachant bien que la Reyne mere luy étoit suspecte : «Monpere, lui dit-il en ces ter-« mes, il y a encor une chose en cecy à quoy il nous « faut bien prendre garde : c'est que la Reyne ma mère, « qui veut mettre le nez par tout comme vous scavez, « ne sache rien de cette entreprise, au moins quant au « fond, car elle nous gâteroit tout. — Ce qu'il vous « plaira, sire, répliqua l'admirai; mais je la tiens pour « si bonne mere et si affectionnée au bien de votre « Etat, que quant elle le sçaura, elle ne gâtera rien : « au contraire elle nous y pourra beaucoup aider, ce « me semble; joint qu'à luy celer j'y trouve de la dif-« ficulté et de l'inconvénient. — Vous vous trompez, « mon pere, lui dit le Roy; laissez moy faire seulement. « Je vois bien que vous ne connoissez pas ma mere : « c'est la plus grande brouillonne de la terre. » Cependant c'étoit elle qui faisoit tout, et Ie Roy ne tournoit pas un œuf qu'elle n'en fut avertie; mais voyant qu'elle avoit ja acquis la réputation de Clement son oncle (0,
(0 Clement son oncle : le pape Clément th.
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